Au total, ce sont 422 navires qui ont été forcés à l’arrêt pendant six jours par l’échouement de l’« Ever-Given », qui a été dégagé lundi.
Tous les navires « en attente » depuis l’échouement de l’Ever-Given, un immense porte-conteneurs qui s’était retrouvé coincé en travers du canal de Suez le 23 mars, ont quitté la voie navigable, a annoncé, samedi 3 avril, l’Autorité du Canal de Suez (SCA). Les soixante et un navires qui étaient encore bloqués ont traversé le chenal samedi, de même que « vingt-quatre nouveaux navires », a précisé la SCA dans un communiqué. Au total, ce sont 422 navires, chargés de 26 millions de tonnes de marchandises, qui ont été forcés à l’arrêt pendant six jours.
Battant pavillon panaméen et exploité par l’armateur taïwanais Evergreen Marine Corporation, l’Ever-Given a été remis à flot le 29 mars. Le navire – long comme quatre terrains de football – a été remorqué vers le grand lac Amer au milieu du canal de Suez. Près de deux cents hommes des équipes techniques du canal, aidés notamment de SMIT Salvage, une société néerlandaise spécialisée dans le sauvetage de navires en détresse, avaient réussi lundi à renflouer l’énorme navire, draguant 30 000 mètres cubes de sable et s’aidant d’une douzaine de remorqueurs.
Inédit par son ampleur, l’incident a entraîné l’arrêt total de la circulation sur cette route maritime cruciale, l’une des voies d’eau les plus fréquentées du monde. Reliant l’Asie et l’Europe, elle représente plus de 10 % du commerce international et près de 19 000 navires l’ont empruntée en 2020, selon la SCA, soit une moyenne de 51,5 navires par jour.
Enquête ouverte
La SCA a ouvert une enquête sur les causes du blocage, dont les conclusions devraient être rendues publiques dans les jours qui viennent, a déclaré son président, Osama Rabie, vendredi soir à la chaîne privée égyptienne MBC Masr.
A l’origine de l’échouement, des vents violents et une tempête de sable avaient d’abord été mis en cause, avant que M. Rabie n’évoque la possibilité d’« erreurs, humaine ou technique ». Pour l’amiral, le rétablissement de la circulation, accompli en un « temps record », constitue un « nouvel exploit » au compteur de l’Egypte. Insistant sur l’importance de cette voie « pour le monde », le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a promis, mardi, que son pays se doterait de plus d’équipements adaptés pour être prêt en cas d’incidents similaires.
Selon la SCA, l’Egypte a perdu entre 12 et 15 millions de dollars par jour de fermeture du canal. La valeur totale des cargaisons bloquées (pétrole, bétail, etc.) ou devant emprunter une autre route a différé selon les estimations, oscillant entre 3 et plus de 9 milliards de dollars.
Figurant parmi ses principales sources de revenus, le passage a rapporté environ 5,7 milliards de dollars au Caire en 2019-2020. En 2014-2015, un segment de cette infrastructure avait fait l’objet de travaux d’extension colossaux, mais M. Al-Sissi a rejeté l’idée d’élargir la partie sud du canal, où s’est déroulé l’incident. « Economiquement, ce n’est pas utile », a-t-il déclaré, évoquant toutefois « d’autres projets pour relier la mer Rouge à la Méditerranée ».